Isabelle Taillandier a fait des études de Littératures hispaniques puis de Lettres Modernes. Elle a vécu pendant douze ans en Espagne, en Allemagne et en Suisse alémanique où elle a enseigné le FLE. Beaucoup de ses textes évoquent d’ailleurs les pays dans lesquels elle a vécu. Rentrée en France, elle préparé et soutenu une thèse de doctorat en littérature comparée. Elle enseigne actuellement le FLE dans une école supérieure privée et a collaboré à des manuels pédagogiques. Elle est également traductrice de l’espagnol et de l’allemand.
Les couleurs et les sons
Composé de onze nouvelles, toutes inspirées par des œuvres plastiques et musicales, ce recueil intimiste rejoint l’universel avec l’exploration de souffrances, mais aussi avec l’évocation de joies, d’espoirs, de tout ce qui peut redonner vie. Tout en respectant les critères de brièveté et de concentration qui définissent le genre de la nouvelle, l’auteure propose un travail sur les formes narratives (élégie, mise en abyme, prose poétique, entre autres). L’unité du recueil – et son originalité – est, quant à elle, assurée par un jeu de correspondances baudelairiennes entre les arts, d’où le titre.
Extrait
Flore revient du collège où elle est affectée, dans la banlieue ouest de Paris. Une fois dans le RER, elle ne peut s’empêcher d’ouvrir son cartable et de prendre le manuel de latin que lui a gentiment prêté la documentaliste. Nous sommes début juillet, elle a deux mois pour préparer ses cours. Ses premiers cours. Flore a vingt-trois ans et veut être professeur depuis son enfance, professeur de Lettres pour pouvoir enseigner le latin, matière dont elle est tombée amoureuse avant même de la connaître parce que sur la couverture de son premier manuel, il y avait la fresque de Stabies représentant la déesse du printemps. Elle avait douze ans. Ce jour-là, elle a eu le sentiment de s’anticiper, de s’imaginer adulte avant même de l’être. Se voyant si légère, flottant dans le temps, au milieu de ces couleurs douces et chaudes, des mèches de cheveux blond vénitien s’échappant malicieusement du chignon fait à la va-vite, elle s’est aimée. (Aucun talent pour le désespoir)
Editions LA REINE BLANCHE