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Le pouvoir au féminin Marie-Thérèse d’Autriche 1717-1780  Elisabeth Badinter

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Élisabeth Badinter exhume l’histoire de l’impératrice-reine Marie-Thérèse d’Autriche (Flammarion) dans le captivant portrait d’une femme d’influence au XVIIIe siècle, qui sut concilier maternité, amour et pouvoir absolu.

Marie-Thérèse d’Autriche, connue en France pour être la mère de Marie-Antoinette, fut avant tout une grande figure tutélaire de son pays et la souveraine d’un immense territoire. Héritière légitime des Habsbourg, épouse amoureuse d’un mari ambitieux et volage, mère de seize enfants, femme politique avisée, elle régna pendant quarante ans sur le plus grand empire d’Europe sans que ses compétences soient remises en cause.

 

En 1740, à la mort de son père, l’empereur Charles VI, la jeune et pieuse archiduchesse âgée de 23 ans se rend pourtant à l’évidence: elle n’a pas été formée pour gouverner ni initiée à la conduite des affaires. Proie de toutes les ambitions, la souveraine commence son règne sous le sceau de l’humiliation et de la trahison. Impuissante, la rage au ventre, elle perd son État le plus riche et devient la cible d’odieuses caricatures et de propos obscènes, dans toutes les grandes puissances d’Europe. Beaucoup lui prêtent, à tort, une certaine faiblesse et un manque de caractère, traditionnellement attribués à son sexe.

Meurtrie mais toujours «debout», Marie-Thérèse d’Autriche affiche rapidement un redoutable sens politique, doublé d’un talent de comédienne hors pair. Reconnue pour sa fermeté d’âme et son sens des affaires, elle oscillera toute sa vie, avec succès, entre virilité et féminité pour gérer son empire.

Avec délectation, on se plonge dans la passionnante intimité de cette femme de pouvoir qui prend corps au fil de l’abondante correspondance secrète ou officielle des puissants de la Maison d’Autriche.

La philosophe et essayiste Élisabeth Badinter, «amoureuse du silence, de la solitude et des vieux papiers», confiera avoir recherché et réuni 22 000 lettres, dont de nombreuses inédites, pour tenter de pénétrer le cœur de ce personnage d’une extrême modernité. Proche des préoccupations des femmes d’influence du XXIe siècle, Marie-Thérèse d’Autriche dut concilier les contradictions de ses trois vies d’épouse, de mère engagée et de reine, au prix d’insoupçonnables luttes intestines.

Si les nombreux échanges soulignent son goût pour le pouvoir absolu, souvent empreint d’un insupportable despotisme, ils révèlent aussi toute la subtilité des émotions, des doutes et des faiblesses de la femme jalouse et trompée, de la mère aimante, sévère ou douloureuse lors de ses nombreux accouchements (elle fut enceinte pendant vingt ans) ou de l’alliée et amie loyale qu’elle fût tout au long de sa vie.

«Les femmes, comme les hommes, sont détentrices d’une volonté de pouvoir, d’une virilité et d’une force, déclare la philosophe. Ni l’ambition, ni l’idéologie, ni l’intelligence n’ont de sexe. Femmes et hommes ont des objectifs et c’est dans la façon d’imposer la loi ou de livrer ses convictions qu’il peut y avoir des nuances», conclue la spécialiste des Lumières.